De quel côté se tenir
Nous vivons des temps difficiles et, maintenant plus que jamais, nous cédons à la tentation de regarder ailleurs, et pourtant, aujourd’hui il est nécessaire de nous arrêter, de nous interroger et d’essayer de comprendre. Pas pour trouver des réponses à imposer, mais pour imaginer un avenir possible.
En observant notre monde, le premier mot qui vient à l’esprit est « division ». Il existe des frontières profondes entre riches et pauvres, blancs et non blancs, personnes au pouvoir et peuples opprimés. Ces divisions ne sont pas seulement sociales, économiques ou culturelles, mais se reflètent dans notre vie quotidienne, alimentant la méfiance et plongeant les relations humaines dans l’insécurité.
Face à tout cela, la question inévitable est : que pouvons-nous faire ? Il n’y a pas de réponses simples ou définitives, mais nous pouvons faire un choix et cela ne signifie pas nécessairement s’opposer, cela signifie plutôt regarder avec attention et décider quel côté choisir.
Ce n’est pas une décision facile. Nous vivons dans un système qui nous offre des privilèges tels que la sécurité, la protection et le confort mais qui nous poussent à rester indifférents et à regarder ailleurs.
Ainsi, ceux qui détiennent le pouvoir décident pour nous et dessinent le monde à leur convenance, nous donnant l’illusion qu’ils agissent dans notre intérêt, pour défendre nos privilèges.
Pour maintenir les choses en l’état la culture dominante n’hésite pas à utiliser des mots comme paix, justice, liberté, amour, mais en les vidant de leur véritable sens ou même en les falsifiant.
Le premier acte pour montrer de quel côté nous avons choisi de nous tenir est de redonner un véritable sens à ces mots dont très souvent il est fait étalage.
Paix. La paix n’est pas simplement l’absence de guerre. La guerre naît lorsqu’on établit des frontières qui séparent des territoires initialement partagés par une communauté, imposant des restrictions à la liberté et privant de ressources naturelles et de moyens de survie la partie qui succombe.
La paix, en revanche, est la capacité à vivre ensemble, à respecter la terre et ceux qui l’habitent, à reconnaître que personne n’a le droit d’exclure les autres de sa propre terre.
Justice. La justice n’est pas la source de notre sécurité ni la simple application de lois de plus en plus nombreuses, de plus en plus répressives, de plus en plus inhumaines.
La justice est l’équité, c’est la garantie que tout le monde puisse vivre avec dignité et bien-être.
Liberté. La liberté n’est pas illimitée. La liberté est, certes, un droit, mais un droit à distribuer équitablement, en rappelant qu’il ne s’agit pas seulement de la possibilité d’agir sans restriction. La liberté permet de participer activement à la construction d’une communauté dans laquelle chacun puisse se réaliser sans compromettre la possibilité des autres de faire de même. La liberté naît dans la relation et la reconnaissance mutuelle.
Amour. L’amour ne se réduit pas à l’éros, ni à la sphère religieuse et n’est pas une marchandise à échanger. L’amour est le moteur de nos relations, c’est la seule passion qui satisfait notre besoin d’être unis au reste du monde. L’amour est une union avec quelqu’un et quelque chose en dehors de nous qui, en aucun cas et sous aucune circonstance, ne réduit notre intégrité et notre perception de nous-mêmes. L’amour est une action circulaire, créative, qui génère des sentiments d’inclusion, d’ouverture, de connexion et d’unité.
Nous avons décidé de concrétiser ces mots et nos choix en sont dictés. Même si nous savons qu’il n’existe pas de routes parfaites, ni de certitudes absolues, nous pensons que chaque petit geste, chaque décision prise dans ce sens peut faire la différence et ouvrir la voie à un monde meilleur.